Fracture

Je viens de finir "La Fracture" de Gilles Kepel. La démarche est intéressante. Au milieu, on trouve des chroniques datées de septembre 2015 ("Le djihadisme peut-il être vaincu ?"☛) au 15 juillet 2016 ("Nice, le jour d'après"☛).




A l'heure où les experts plus ou moins douteux se multiplient, Kepel prend la posture du professeur ou du chercheur. Avec ces chroniques, on retrace l'histoire, on se souvient, par exemple de l'Euro de football, à l'issu duquel l'état d'urgence aurait dû être levé.


Prendre du recul, de la hauteur, par rapport à tout ce qui s'est passé fait du bien. J'en ai profité pour rechercher des photographies prises en banlieue, datant de cette période.


Au fil des chroniques, l'auteur voyage. On comprend qu'il maîtrise parfaitement bien l'arabe. J'en enfin compris ce qu'était le salafisme. En arabe, "salaf"سلف  signifie ancêtre, prédécesseur. Les salafistes sont donc ceux qui appliquent tous les Hadith, c'est-à-dire, toutes les paroles que l'on attribue au prophète et qui ne figurent pas dans le Coran.

Fracture ?

La fracture qui donne le titre au livre est celle prônée par le djihadisme de troisième génération, qui cherche à créer une guerre civile. Heureusement, on n'en n'est pas là, mais son analyse du bruit médiatique estival causé par le burkini est pertinente.


Gilles Kepel revient sur son passage au Bondy Blog, le 5 mai 2016. Étrangement, on retrouve l'intégralité de l'enregistrement sur le site de LCP ☛, mais que  de courts extraits sur la chaîne Youtube☛, qui présente pourtant l'intégralité de l'émission avec NV Belkacem.


Islamophobie ? 

A la lecture de l'ouvrage, on a aucun doute sur le faite que Gilles Kepel connait l'Islam, qu'il aime l'Islam, et surtout qu'il a envie d'en parler. Il cherche à briser les tabous, à bien nommer les choses, ce qui dérange et déclenche le couperet à la mode : islamophobe.


Il est sur la même ligne que Boualem Sansal (2084)☛, ou, dans une moindre mesure, Michel Houellebecq (Soumission)☛, à propos de la nécessité d'utiliser le vocabulaire le plus approprié.

La banlieue. 

Il est à l'écoute des signaux qui viennent des prisons comme des banlieues.  Il nous aide à reconstruire le puzzle à partir de clichés, comme ceux que j'ai pris en mai 2015 :

Le mois dernier, d'autres tags, sans doute du même auteur, sont apparus un peu partout...

Il suffit d'un anarchiste avec de la peinture rouge...

Ou peut-être d'un ado à la recherche d'indépendance...

Cet autre tag explique quelle est la motivation de départ.

L'écriture ici semble différente. Ils seraient deux ?

Prologue

Avant d'étaler les chroniques hebdomadaire, Gilles Kepel situe le contexte, en résumant plus ou moins son précédent ouvrage "Terreur dans l'hexagone"☛. On y lit de belles phrases, comme celle-ci (page 20) :
"C'est de la mobilisation de la population française dans la totalité de ses composantes que sera trouvé l'antidote du poison qui nous infecte."
Si fin 2015, les actions comme celles de la CTRLsec ☛ pouvaient paraître marginales, elle ne le sont plus. Dans la brochure Vigipirate☛, on lit page 26 "signalez les sites internet et les réseaux sociaux suspects ou faisant l’apologie du terrorisme" :



Epilogue

Dans l'épilogue, Gilles Kepel revient longuement sur la vision de la société française par Daesh. Ce schéma listant les cibles par catégorie avait circulé sur les réseaux sociaux. Il amenait à la conclusion, que tout individu français se retrouvait dans une catégorie, voire dans plusieurs (associatif, laïcard ou religieux, universitaire ou écolier, etc, etc...). Il pousse l'analyse de cette représentation très loin.

Et finalement, c'est peut-être l'aspect positif... La société française est multiple, à un tel point qu'il n'est pas possible de la diviser. Elle est bien moins fracturée que cette moto croisée à Bures-sur-Yvette..


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