Marche pour le climat

Je n'étais pas à Paris dimanche dernier pour donner la main à un inconnu boulevard Voltaire ou mettre une chaussure à République. A quoi bon ? Ce n'est pas ça qui réduira la température de 2°C, ou qui convaincre le/la participant(e) à la COP21 de ne pas utiliser un jet privé pour aller d'Orly au Bourget.


J'y suis allée ce mercredi. Près de la gare RER de Bures-sur-Yvette, il y a un nom de plus sur le monument aux morts.


Romain Dunet, mort au Bataclan, est un enfant du pays, comme Fanny Minot, à qui le Mag des Ulis rend hommage.


Quel plaisir d'apercevoir la tour Eiffel depuis la ligne 6 du métro.


Je me suis promenée, j'avais envie de marcher...


Depuis le Trocadéro, la ligne 9 m'a emmenée devant le Bataclan.


Des fleurs, des bougies, des messages, la foule sidérée, silencieuse, presque 3 semaines après les attentats.


J'ai traversé la rue... D'autres fleurs, d'autres messages, partout...


Dans toutes les langues...


Les plus simples sont quelque fois les plus émouvants...

J'ai descendu le boulevard Voltaire.




Il faisait sans doute trop froid pour être en terrasse, là où le Kebab voisine le caviste...

Je suis arrivée devant le Comptoir Voltaire, bar devant lequel fanaient quelques bouquets de fleur. Que s'y était-il passé ? Je ne savais plus. Sur la vitre, se trouvaient divers messages, un appel à témoin, les coordonnées des psychologues. Je cherchais à comprendre, à me souvenir de ce qui avait pu se passer ici.

Derrière moi, un homme m'a interpellée. "J'y étais". Il m'a montré la terrasse, m'a parlé de la serveuse qui servait "le gars".
Puis, il m'a conduite dans la rue de Montreuil pour me montrer les impacts de balle.


Il était au bar, debout, à regarder le match de foot France-Allemagne avec une dizaine d'autres personnes. Le patron est sympa. On peut rentrer, regarder la télé, même si on ne consomme pas.

Il m'a parlé des tirs. Ancien militaire, il a eu le réflexe de se coucher, mais a été touché. Il boite un peu. Il m'a montré sa blessure, un petit trou 3 à 4 cm en dessous du genou. Il m'a montré une petite rue, la rue Turquetil par laquelle le tireur s'est enfui.


Si sa jambe va mieux depuis quelques jours, d'autres blessés ont moins de chance. Certains ont perdu un bras. Il me parle de la patronne, qui reste chez elle un peu plus loin. Il est suivi par une psychologue, mais ça ne va pas. Il reconnait qu'il lui faudra beaucoup de temps.

Deux jeunes filles sont arrivées. Il s'est approché d'elles. Il a recommencé son récit, comme un cauchemar qui revient toujours et encore... Bouleversant.

A quoi bon se donner la main ou marcher pour le climat sur ce boulevard Voltaire. Il s'y est passé des choses dures, même pour ceux qui, comme moi, les ont vécu par écran interposé. La COP 21, les régionales ? Mon esprit est ailleurs... Et finalement, où est l'important ? Tant que l'humain prendra un avion pour traverser Paris ou une Kalachnikov on ne sait pas pourquoi, à quoi bon s'attendre à une prise de conscience ou espérer quoi que ce soit des politiques ?

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