Un printemps à Tchernobyl

Ah, qu'il fait bon entrer dans une vraie librairie de bande dessinées, avec des vrais livres, et un vrai vendeur qui a tout lu ou presque et fournit des conseils avisés ! C'est ainsi qu'en passant par la rue de la Pompe à Paris, je suis sortie de BD16, avec "Un printemps à Tchernobyl" d'Emmanuel Lepage.




Le thème de la BD est la création d'une résidence d'artistes près de Tchernobyl. Pourquoi y aller ? Est-ce dangereux ? Et si on mange de la nourriture ? L'auteur, père de deux enfants, partage ses hésitations avant le départ. Une douleur au poignet le retient en France, puis disparaît au début du voyage.

Militant, humain, on apprend beaucoup au fil des portraits des habitants de la zone. Les mensonges de la télévision française rappelleront des souvenirs à certains ! Même les cartes météo étaient falsifiées pour démontrer que le nuage ne passait pas la frontière.



Des pages pratiquement en noir et blanc, très sombres, puis des couleurs qui arrivent progressivement au fil de l'aventure, ocre, rouge, bleu, puis vert, une fillette en rose, et puis oui beaucoup de vert et des rayons de soleil à la fin.

Résolument optimiste, l'auteur nous montre comment ceux qui étaient trop attachés à leurs terres pour partir ont triomphé. Les enfants de Tchernobyl jouent en riant. Le soleil donne envie de s'allonger sur l'herbe, mais la radioactivité est toujours là, danger invisible sans détecteur. La réalité est quelque part entre la vie et la mort, entre la peur et la joie. La chaleur humaine permet de surmonter l'horreur, la terreur...

Le crayon d'Emmanuel Lepage présente Tchernobyl à travers les regards croisés, ceux joyeux des habitants, ceux inquiets de l'entourage des voyageurs, et ceux curieux des occupants de la résidence d'artiste. Cette façon de voir interpelle, sans doute mieux que n'importe quel reportage, mieux que n'importe quel film, en tous cas différemment. Il transporte littéralement le lecteur de son poste de TV en avril 1986 jusqu'à cette étrange réalité contemporaine que les mots peinent à décrire.

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